Port-au-Prince, 2 mai 2025 — Les États-Unis ont officiellement classé la coalition de gangs Viv Ansanm et le groupe armé Gran Grif comme « Foreign Terrorist Organizations » (FTO) et « Specially Designated Global Terrorists » (SDGT). Cette décision marque un tournant majeur dans la politique sécuritaire internationale vis-à-vis de la crise haïtienne.
Un signal fort dans un pays en délitement
Haïti, déjà confrontée à une crise humanitaire, politique et sécuritaire sans précédent, voit désormais ses principaux groupes criminels cernés par des pressions internationales inédites. La décision américaine vise à affaiblir ces structures gangstérisées grâce à des sanctions financières, diplomatiques et judiciaires renforcées. Ce geste intervient alors que l’État peine à se réaffirmer face à la montée en puissance des gangs
Qui sont Viv Ansanm et Gran Grif ?
- Viv Ansanm est une coalition de gangs concluée en septembre 2023, réunissant notamment les groupes du G9 et leurs alliés, actifs essentiellement à Port-au-Prince
- Gran Grif, basé dans le département de l’Artibonite, est connu pour sa violence extrême, notamment la tristement célèbre attaque de Pont-Sondé en octobre 2024 qui a fait plus de 115 morts.
Contenu exact de la décision états-unienne
Le 2 mai 2025, le Département du Trésor américain a intégré Viv Ansanm et Gran Grif à sa liste OFAC SDN, les plaçant sous sanctions strictes, notamment le gel des avoirs, l’interdiction de visés et l’interdiction de toute relation financière ou matérielle avec des personnes ou entités américaines.
Le Département d’État a parallèlement confirmé cette mesure en les désignant officiellement comme organisations terroristes étrangères.
Enjeux et conséquences potentielles
1. Asphyxie financière des gangs
Ces désignations visent à couper les réseaux de financement des gangs. Toute aide matérielle ou financière apportée, même involontairement, pourrait être interprétée comme un soutien terroriste et entraîner des sanctions.
2. Impact sur l’aide humanitaire
Les discussions entre ONG et gangs sont souvent indispensables pour accéder aux zones contrôlées par ces derniers. Mais avec ces nouvelles sanctions, ces organisations humanitaires s’exposent à des risques légaux et réputationnels, même lorsqu’elles agissent pour sauver des vies.
3. Réactions critiques
Certaines voix s’élèvent pour dire que ces désignations risquent d’aggraver la situation sur le terrain. Le think tank Global Initiative on Organized Crime avertit que les sanctions pourraient fragiliser l’accès à l’aide et renforcer la gouvernance de facto des gangs.
Contexte humanitaire et géopolitique
Selon un calendrier des violences en Haïti, le 1er mai 2025 marque également la désignation de ces mêmes gangs comme terroristes, soulignant l’urgence de la situation. En parallèle, des rapports montrent une dégradation du secteur de la presse, des systèmes de santé et l’expansion des affrontements armés.
Le Council on Foreign Relations et d’autres analystes soulignent que sans une réponse plus large des États-Unis — intégrant diplomatie, développement économique et inclusion sociale — cette décision pourrait rester symbolique.
Citations clés
- Un extrait du Département d’État des États-Unis résume la menace :
« Haitian gangs, including the Viv Ansanm coalition and Gran Grif… are a direct threat to U.S. national security interests in our region… their ultimate goal is creating a gang-controlled state where illicit trafficking and other criminal activities operate freely ». - L’analyse de Global Initiative ajoute :
« …the most pressing concern is whether the US designations will prevent Haitian and international NGOs from continuing to deliver aid… assistance they provide could now be classified as ‘material support’ to terrorist groups ».Global Initiative
Entre sanctions stratégiques et risques collatéraux
- Renforcer la pression internationale
La désignation constitue un signal envoyé aux structures de financement et aux partenaires des gangs : toute collaboration est désormais risquée. - Fragiliser les gangs ?
Si les gangs perdent leur accès aux ressources, leur contrôle pourrait s’éroder. Mais une stratégie isolée risque de laisser un vide sans pallier d’État. - Humanitaire sous tension
Obliger les ONG à éviter les zones gangstérisées peut laisser des communautés entières sans assistance vitale. - Importance d’une réponse globale
Seule une réponse coordonnée — incluant soutien renforcement des autorités nationales, développement local, inclusion politique — pourra maximiser l’impact de cette décision.
un tournant sous conditions
La désignation de Viv Ansanm et Gran Grif comme organisations terroristes par les États-Unis est une première mondiale dans le contexte de la criminalité haïtienne. C’est une étape symbolique et opérationnelle majeure. Toutefois, son efficacité dépendra de l’accompagnement concret — diplomatique, humanitaire et institutionnel — apporté à Haïti dans cette période critique.