Gros-Morne, Artibonite — 9 juin 2025 – Une onde de choc a traversé la commune de Gros-Morne après l’enlèvement brutal, la rançon partiellement payée… et le meurtre d’un homme d’affaires respecté. Élie Limage, 84 ans, propriétaire de l’hôtel “Le Beau Rivage”, a été retrouvé mort, malgré une tentative désespérée de négociation avec ses ravisseurs. Son corps sans vie a été localisé près de son domicile, dans un secteur nommé Morne Marguerite
Une demande de rançon et un drame évitable
Le chef de gang connu sous le nom de Kokorat San Ras avait kidnappé au total trois personnes dans la zone centraile de Gros-Morne, exigeant 300 000 USD pour leur libération. Malgré le versement d’une partie de la rançon ainsi que la remise de deux véhicules de l’entrepreneur, les ravisseurs n’ont pas relâché leur proie, optant pour l’exécution de l’homme d’affaires.
Deux autres otages restent toujours en captivité, ajoutant à la tension et à la douleur de la communauté locale.
Contexte sécuritaire en Artibonite : un engrenage mortel
Gros-Morne, bastion agricole de l’Artibonite, est souvent perçu comme l’un des rares refuges encore épargnés par la violence des gangs. Pourtant, les exactions se sont intensifiées ces derniers mois. En août 2024, le gang Kokorat San Ras avait déjà lancé une campagne de terreur, tuant plusieurs civils, brûlant des maisons et fermes, et exigeant des rançons aux familles pour leur retour.
Ce climat d’insécurité s’appuie sur des chiffres alarmants : entre janvier 2022 et octobre 2023, plus de 1 100 kidnappings ont été recensés dans la région, particulièrement sur la Route Nationale 1, menée par des gangs comme Kokorat San Ras et Gran Grif.
Témoignage et indignation locale
Hubert Cénéac, magistrat et porte-parole de la municipalité, a exprimé sa colère :
Une commune de près de 160 000 habitants ne compte même pas 15 policiers en activité. Nous sommes laissés à la merci des gangs. C’est une tragédie sans précédent .
Des voix s’élèvent pour dénoncer l’inaction des autorités nationales et appeler à une intervention urgente pour restaurer la sécurité.
Analyse : entre crime violent et défaillance de l’État
Enjeu | Observations |
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Violence criminelle | Le fait d’exécuter un otage après versement partiel de rançon illustre la cruauté des gangs. |
Défaillance étatique | L’absence de réponse policière voire d’enquête publique pousse à la résignation et la peur collective. |
Impact économique | Gros-Morne, producteur agricole, subit une paralysie économique liée à la peur et aux déplacements. |
Effet d’entraînement | Sans réaction forte, d’autres communautés rurales pourraient subir le même sort. |
Une communauté en deuil, entre rage et résilience
La mort d’Élie Limage plonge Gros-Morne dans le deuil et soulève une question fondamentale : comment restaurer l’État de droit sur un territoire où les gangs imposent leur propre loi ? Les habitants, abandonnés par les forces de sécurité, pourraient se tourner vers des formes de justice personnelle, au péril de la cohésion sociale.
Un appel à l’action
Le meurtre d’un entrepreneur chevronné malgré le versement d’une rançon est un signal dramatique : aucune rançon ne garantit la vie face à des criminels impitoyables. Ce drame exige une riposte collective, non seulement police mais aussi judiciaire, civique et internationale. Seul un renforcement des forces de l’ordre, une présence durable à Gros-Morne et une traque des commanditaires pourront décourager ces crimes.