Surtourisme à Barcelone : La révolte des habitants face à une ville étouffée par 26 millions de touristes

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Barcelone, été 2025 – Barcelone, jadis joyau culturel et urbaine, est aujourd’hui à bout de souffle. Avec plus de 15 millions de visiteurs en 2024, soit près de neuf fois sa population, la ville connaît un emballement touristique qui déclenche une colère montante parmi ses résidents. Des manifestations spectaculaires, comme viser les touristes avec des pistolets à eau ou lancer des fumigènes, ne sont que la partie visible d’une explosion des tensions sociales liées au surtourisme.

Le ras-le-bol des habitants se fait entendre

Des milliers de Barcelonais — renforcés par des groupes similaires en Italie, au Portugal et aux îles Baléares — ont récemment manifesté dans les rues, équipés de pistolets à eau et de fumigènes. Le message est clair : “le tourisme nous étouffe”. Ces actions ciblent les voitures de location, les façades des magasins haut de gamme, parfois même les touristes eux-mêmes — sans violence physique, mais chargées de symbolisme.

Une protestataire a résumé la colère ambiante :

Barcelone a été livrée aux touristes… Nous avons besoin de reconquérir notre ville.

Des pressions sur le quotidien des résidents

Les conséquences du tourisme débridé sont multiples :

  • Crise du logement aiguë : les loyers ont bondi de 68 % en une décennie, poussés par la transformation massive d’appartements résidentiels en locations touristiques via Airbnb.
  • Infrastructure saturée : transports en commun encombrés, montée des déchets (jusqu’à 1 000 tonnes par semaine), sites emblématiques comme la Sagrada Familia voir leurs résidents submergés par le flux journaliers.
  • Dilution du tissu urbain : les quartiers historiques se transforment, les commerces locaux cèdent la place aux boutiques touristiques, quand elles ne ferment pas tout simplement.

Réactions politiques et mesures en cours

Face à cette crise, les autorités municipales agissent :

  • Suppression progressive de toutes les licences de locations touristiques (environ 10 000), d’ici fin 2028.
  • Augmentation de la taxe touristique, avec possibilité de la doubler (à environ 15 € par nuit), dont 25 % irait à résoudre la crise du logement
  • Réduction du trafic croisiériste : fermeture de plusieurs terminaux, et limitation du nombre de croisiéristes par jour à environ 31 000, contre 37 000 auparavant. Ces décisions s’accompagnent d’investissements pour améliorer la mobilité (ponts, navettes).
  • Définition de zones d’affluence contrôlée dans des quartiers comme la Sagrada Familia ou le Park Güell, avec restrictions sur les groupes et l’usage commercial.

Vers un tourisme durable et responsable

Enjeux PrincipauxDétails
Qualité de vie menacéeRésidents poussés à l’exil par la hausse des loyers et la perte d’espaces urbains vivants.
Disparité économiqueTourisme génère des milliards, mais les retombées profitent avant tout aux grandes plateformes et chaînes.
Solutions progressivesMesures administratives fortes, mais leur mise en œuvre est longue et contestée.
Modèle économique à repenserDes voix demandent un tourisme plus équilibré — moins de quantité, plus de qualité. (euronews, Nomada)

un tournant décisif pour Barcelone

Barcelone est à la croisée des chemins. Le surtourisme, qui a alimenté sa croissance, menace aujourd’hui sa cohésion sociale. Entre ses rues historiques étouffées et la détresse de ses habitants, la ville doit réinventer son modèle : moins de visiteurs, davantage de respect.

Les autorités semblent enfin entendre l’appel des résidents. Mais le vrai changement exigera du temps, de la détermination et la volonté d’en faire plus qu’un simple virage cosmétique — pour que Barcelone redevienne une ville à vivre, pas seulement à visiter.

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