Haïti dans la tourmente : L’ONU dénonce la corruption et le trafic d’armes au sommet

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Port-au-Prince / New York, août 2025 — L’Organisation des Nations Unies (ONU) sonne l’alarme : corruption généralisée, trafic illicite d’armes et munition, effondrement des institutions, tout concourt à plonger Haïti dans un effondrement sécuritaire et humanitaire sans précédent.

Un État à l’agonie : la synthèse alarmante de l’ONU

Dans son rapport, l’ONU dénonce des phénomènes systémiques :

  • Corruption, impunité et dysfonctionnements institutionnels affaiblissent gravement l’État de droit.
  • Violence des gangs en plein essor : en 2023, ce sont 4 451 morts et 1 668 blessés, avec une augmentation déjà inquiétante à près de 1 554 tués entre janvier et mars 2024.Le Monde.fr
  • Les gangs haïtiens peuvent compter sur une puissance de feu surpassant celle de la police nationale — grâce à un trafic d’armes via les frontières poreuses.
  • L’ONU appelle instamment au déploiement d’une mission multinationale de soutien à la sécurité (MMSS) pour aider à restaurer l’ordre.

Corruption rampante, financements occultes et réseaux criminels enracinés

L’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) identifie des circuits dangereux :

  • Autorités corrompues, fonctionnaires, anciens militaires, acteurs économiques — tous impliqués dans le trafic de drogue et d’armes, via des canaux financiers de blanchiment comme l’anguille ou la faune.
  • Le sud du pays, avec sa côte difficile à sécuriser et son espace aérien mal surveillé, est devenu un point d’implantation critique pour la cocaïne, le cannabis et les armes de guerre.Agence de Presse des Nations Unies
  • Les gangs contrôlent les infrastructures, pratiquent la taxation illégale, les enlèvements et exploitent les failles d’un État défaillant.

Routes du trafic d’armes : floride, république dominicaine… port-au-prince

L’ONU détaille les chemins empruntés par les livraisons d’armes meurtrières :

  • Provenance principale : États-Unis (Floride), transit via la République dominicaine, puis acheminement illégal en Haïti.Nouvelles de l’ONU
  • Les modes de déguisement sont ingénieux : armes cachées dans des équipements électroniques, aliments surgelés ou vêtements.The Haitian Times
  • Malgré l’embargo onusien, les cargaisons continuent d’être introduites via des complicités internes dans plusieurs pays.
Carte des communes où des abus ont été documentés dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, en Haïti. Données © CNIGS. Graphics © Human Rights Watch

Une police écrasée, un système de justice en miettes

Selon l’ONU, les gangs possèdent plus d’armes que la PNH, ce qui leur confère un avantage létal sur le terrain.Nouvelles de l’ONU

Les forces de l’ordre sont sous-financées, sous-effectif, et mal équipées. Il n’existe qu’un seul navire de garde-côtes, alors que les frontières terrestres et maritimes restent gravement sous surveillance.

Les autorités anticorruption ont des résultats limités : malgré des enquêtes visées en 2023 (11 rapports du MP, 75 affaires traitées), les capacités restent faibles.

Crise humanitaire accélérée et mobilisation internationale en dessous des besoins

  • Selon un rapport récent, entre avril et juin 2025, ce sont 3 100 vies perdues, plus de 1,3 million de déplacés, et 2 millions d’Haïtiens en insécurité alimentaire, avec des hôpitaux hors service, malgré un plan d’aide humanitaire de 900 millions de dollars — à peine 9 % financé.
  • L’ONU met en garde : sans interruption du trafic d’armes et sanctions ciblées contre les financeurs de gangs, le chaos pourrait s’étendre davantage.
Haitians set up impromtu tent cities thorough the capital after an earthquake measuring 7 plus on the Richter scale rocked Port au Prince Haiti just before 5 pm yesterday, January 12, 2009.

Analyse : entre paralysie institutionnelle et nécessité d’intervention

Enjeu cléAnalyse approfondie
Arsenal des gangsLes armes sophistiquées, importées via des réseaux transnationaux, ont donné aux gangs un avantage militaire écrasant.
Complicités institutionnellesBlanchiment d’argent, dérives dans les douanes, implication de personnalités politiques… tout soutient la machine criminelle.
Mission internationale indispensableSans MMSS pleinement déployée et outillée, la police haïtienne ne peut reconquérir aucun territoire.
Urgence humanitaireSous-financement dramatique de l’aide en temps de famine, exode massif : la population est broyée.
Stratégie régionale nécessaireIl faut un effort coordonné entre les Caraïbes, les États-Unis, l’ONU pour fermer les routes du trafic.

Témoignage poignant : la voix de l’expert et de la société civile

William O’Neill, expert indépendant de l’ONU, met en garde :

« Les gangs ont accès à des armes qui percent les blindages… c’est terrifiant. L’insécurité alimente le désir de fuir le pays, et stabiliser Haïti serait bénéfique même pour les États-Unis. »

William O’Neill, expert indépendant de l’ONU

HRW (Directrice exécutive) rappelle que sans tolérance zéro pour toute violence — y compris sexuelle — des Casques bleus, la population d’Haïti suffoque

Conclusion : réveil impératif face à l’effondrement

Haïti est à la croisée des chemins. Les rapports de l’ONU ne sont pas de simples critiques — ils proposent une feuille de route urgente :

  1. Déploiement total et efficace de la MMSS sous mandat de l’ONU pour reconquérir le terrain gangstérisé.
  2. Renforcement des contrôles des frontières, des douanes et des garde-côtes, notamment et avec l’aide de l’ONUDC.
  3. Sanctions ciblées contre les trafiquants et les complices, qu’ils soient en Haïti, en RD, ou aux USA.
  4. Appui massif aux institutions de l’État : justice, police, anticorruption.
  5. Mobilisation internationale pour financer et soutenir les populations victimes.

La tourmente peut se transformer en renouveau : à condition que la communauté mondiale décide enfin de soutenir Haïti — pas uniquement par des mots, mais par des actions concrètes. Parce que le peuple haïtien ne peut plus attendre.

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