Opération Policière Explosive : 1045 Kilos de Cocaïne Saisis et 3 Morts à l’Île de la Tortue

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Île de la Tortue, 13 juillet 2025 — Une intervention musclée de la Police nationale d’Haïti (PNH) a conduit à la saisie la plus importante de cocaïne de son histoire : 1 045 kilos, répartis en 49 sacs, interceptés sur un bateau en provenance des Caraïbes. L’opération, qui s’est soldée par la mort d’un Jamaïcain, un blessé bahaméen et une arrestation, marque un tournant dans la lutte contre le narcotrafic maritime haïtien.

Une opération coordonnée et spectaculaire

Menée le dimanche 13 juillet 2025, cette saisie historique fut orchestrée par une coalition de forces :

  • La Brigade de Lutte contre le Trafic de Stupéfiants (BLTS),
  • L’Unité Départementale de Maintien d’Ordre (UDMO),
  • Le Garde-Côtes haïtien,

et dirigée par le Surintendant par intérim Jeir Pierre

Déroulement : feu et violence

Alors que les agents procédaient à l’interception de l’embarcation suspecte, les occupants ont refusé d’obtempérer et ont ouvert le feu sur les forces de l’ordre. En riposte, la police a tiré : un trafiquant jamaïcain, identifié comme Antony Jimmy, a été tué, un autre ressortissant bahaméen a été blessé, et un individu a été arrêté.

Une saisie sans précédent — Statistiques et contexte

Selon les autorités, ces 1 045 kilos constituent la plus grande saisie de drogue jamais réalisée par la PNH, dans ses 30 années d’histoire. À noter que 49 sacs ont été récupérés, contenant près de 959 paquets individuels de cocaïne, selon les chiffres officiels de la BLTS.

Sur le plan économique, cette quantité représente une manne valorisée à jusqu’à 29 millions de dollars, en se basant sur les prix au détail internationaux (28 000 à 70 000 USD/kg).

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Pourquoi la Tortue ? Un lieu stratégique du trafic maritime

L’Île de la Tortue occupe une position géographique clé : à environ 9 miles de Port-de-Paix, avec une proximité notable — 50 km — à des ports cubains, jamaïcains et des îles Turques-et-Caïques. Cette proximité en fait un lieu privilégié pour les débarquements de drogue transfrontaliers.

Réaction des autorités : entre félicitations et tensions institutionnelles

Le président du Conseil présidentiel de transition, Fritz Alphonse Jean, a salué la rapidité et l’efficacité des services de sécurité, rappelant que « la criminalité transnationale est au cœur de la violence en Haïti ».

Mais une tension est apparue : le maire de l’Île, Max William Etienne, a dénoncé l’absence de coordination : ni lui ni le juge de paix n’avaient été informés de l’opération. Ce retrait des autorités civiques sur les lieux soulève des questions de légitimité et de transparence institutionnelle.

Analyse : enjeux et défis dans la guerre contre le trafic

Enjeu majeurImplications
Trafic structuréCe coup arrêté démontre que les réseaux criminels sont massivement armés et organisés de manière transnationales.
La PNH en renfortLa coordination entre BLTS, UDMO et Garde-Côtes montre une montée en puissance des capacités institutionnelles.
Risque de vide juridiqueL’absence de validation locale pose un risque de contestation judiciaire — ou de perte de confiance citoyenne.
Exemplarité indispensablePour que cette opération ne soit pas une anecdote isolée, un renforcement structurel est impératif.
Message dissuasifCe « record » envoie un signal fort aux trafiquants sur la détermination de l’État.

Témoignages : citoyens entre peur et soulagement

Un habitant de l’île exprime son inquiétude persistante :

« Cette île est déjà menacée par les trafiquants de drogue. Il faut agir, et vite. »

Le maire adoptait lui un ton plus pragmatique :

Avec si peu d’agents, la sécurité est un mirage ici. On espère enfin une présence renforcée.

Conclusion : un tournant, mais pas une fin

La saisie de 1 045 kilos de cocaïne à l’Île de la Tortue est un tournant, sans doute la plus importante opération anti-drogue en Haïti à ce jour. Elle rappelle que des institutions haïtiennes peuvent agir et frapper fort — à condition d’être coordonnées, informées et instrumentées.

Mais pour que cela soit durable, l’État doit :

  1. Renforcer ses unités locales, redéployer des effectifs sur la Tortue.
  2. Assurer la coordination avec les représentants civils, juges de paix et mairies.
  3. Intensifier la coopération régionale pour juguler le trafic maritime.
  4. Capitaliser sur cette réussite pour bâtir un modèle de lutte efficace, transparent et soutenable.
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