Liancourt sous le joug des gangs : Policières abattues, blindé brûlé, et un silence assourdissant des autorités !

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Liancourt, Artibonite — juillet – août 2025
Ce petit bourg de l’Artibonite, loin de la capitale, illustre tragiquement l’effondrement sécuritaire en Haïti. En quelques jours, plusieurs policiers sont tombés sous les balles de gangsters, un véhicule blindé de la PNH a été brûlé, et les podiums de pouvoir restent étrangement silencieux.

Liancourt sous l’emprise des gangs

Le 22 juillet 2025, une attaque coordonnée du gang Gran Grif de Savien a coûté la vie à au moins trois policiers de l’Unité Départementale de Maintien de l’Ordre (UDMO). Les assaillants ont tendu une embuscade à un véhicule blindé circulant à Liancourt, lequel a ensuite été incendié.

Les corps mutilés ont été exposés publiquement, humiliés par les gangs, dans une provocation manifeste à la souveraineté.

Au total, quinze personnes, dont ces trois policiers, sont tombées dans cette attaque, soulignant l’impunité gangstériste dans la région.

Une onde de choc sur trois jours

Cette attaque s’inscrit dans une vague d’assassinats de policiers en l’espace de quelques jours.

Entre les 11 et 13 août 2025, un officier de l’UTAG — Guy Rurley Bathalien — a été tué lors d’un affrontement avec Gran Grif à Liancourt, à l’intérieur d’un blindé défaillant.

Dans le même temps, à Kenscoff, un autre blindé s’est retrouvé piégé dans un fossé creusé par les gangs. Deux policiers d’une unité spécialisée ont été tués, mutilés, leurs armes et équipements confisqués, puis exhibés dans les réseaux.

« En trois jours, la PNH perd trois agents et un blindé : une hécatombe symbolique pour le nouveau directeur général, Paraison. »

rapporte The Haitian Times.

Effets dévastateurs sur la population locale

Selon Afrik.com, après les attaques, un calme précaire s’est installé à Liancourt. Il ne reflète pas un retour à l’ordre, mais la peur généralisée. Les écoles ferment, les marchés s’éteignent, les habitants se terrent.

Des dizaines de familles ont fui vers d’autres départements, devenant déplacés internes dans leur propre pays.

Liancourt, une commune débordée

Liancourt — créée en 2015 comme commune — compte près de 19 000 habitants. Elle est située dans l’arrondissement de Saint-Marc, dans une région agricole et historiquement importante.

Malgré son importance, elle subit les outrages de la violence organisée, sans soutien visible de l’État.

Enjeux et causes profondes

Défi majeurAnalyse approfondie
Érosion de l’autoritéLes gangs imposent leur loi — l’État est absent.
Défaillance sécuritaireBlindés piégés, agents isolés — exposition de l’impéritie policière.
Terreur symboliqueHumiliation des corps, mise en scène macabre : message d’intimidation maximal.
Exode interneLes déplacements fragilisent encore plus les zones rurales.
Réforme urgente requiseRenforcement PNH, formation, logistique, intelligence — et non discours.
Escalade tangibleLiancourt n’est qu’un exemple parmi d’autres, dans une Artibonite en crise.

Un État silencieux — et complice ?

Les autorités nationales se sont contentées de condoléances et promesses creuses. Des mouvements symboliques à Port-au-Prince n’ont jamais eu de traduction sur le terrain.

Des voix locales — comme René Charles, du SPVDA — dénoncent ce vide : « Depuis le 18 juillet, des alertes ont été lancées, rien n’a été fait. Nous sommes victimes d’un complot. »

À lire aussi:
Affrontements sanglants à Kenscoff : 3 policiers de la MSSM blessés, deux blindés brûlés par les gangs !

Ayiti enfo

Un contexte gangstériste plus vaste

Le gang Gran Grif s’est imposé dans l’Artibonite. Il a massacré des civils à L’Estère, pris Pont-Sondé en otage avec une violence sans précédent (plus de 20 morts, maisons brûlées…)

En janvier 2023, 18 policiers furent tués dans des quartiers tels que Carrefour-Feuilles et Liancourt, dans une attaque orchestrée par Gran Grif et alliés, provoquant une crise nationale.

Plusieurs journalistes, radios, hôpitaux, et écoles ont été incendiés dans cette même zone, illustrant la dérive anarchique dans toute l’Artibonite.

Témoignages poignants

“On ne dialogue pas avec ceux qui mutilent nos forces.”

un ex-haut gradé de la PNH sur Facebook, exprimant une colère contenue

Un utilisateur Facebook à Kenscoff confiait :

“Que prévoit-on quand les bandits osent tuer des policiers, voler des armes et brûler des blindés tous les jours ?”

Recommandations indispensables

Pour ne pas laisser s’enfoncer toute une région :

  1. Renforcer immédiatement la PNH par déploiement massif de troupes et meilleure coordination.
  2. Assurer la présence de la MSS (Mission Multinationale menée par le Kenya) dans tout l’Artibonite, avec équipement adéquat.
  3. Déployer des unités mixtes d’autodéfense civiles encadrées, pour protéger les citoyens en attendant l’État.
  4. Relancer l’économie et les services : écoles ouvertes, marchés protégés, ponts sécuritaires.
  5. Sanctionner les commanditaires politiques ou complices des gangs.
  6. Réengager l’aide internationale pour une réponse de sécurité et humanitaire coordonnée.

Conclusion : un tournant possible

Liancourt n’est pas seulement une commune attaquée — elle est le symbole d’un État absent, d’une institution incapable, d’une population à bout de forces. Si l’inaction perdure, d’autres Liancourt seront perdues.

Mais la mobilisation — nationale et internationale — autour d’une réponse réelle, de justice, d’enseignement et d’agriculture, peut reconquérir cette ville. C’est une question de survie nationale.

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