1. Une embuscade audacieuse dans les hauteurs de Pétion-Ville
Dans la nuit du 12 au 13 août 2025, des gangs lourdement armés ont tendu une embuscade meurtrière à Kenscoff, une commune montagneuse autrefois paisible du sud-est de Port-au-Prince. Des membres de la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSSM) ont été attaqués alors qu’ils intervenaient suite à des appels de détresse. Trois policiers en uniforme furent blessés, et deux véhicules blindés endommagés par des cocktails Molotov.
L’attaque résulte d’une tranchée creusée sur leur itinéraire, immobilisant les blindés au cœur de la manoeuvre. Les assaillants ont alors encerclé le personnel et lancé l’assaut, mettant en lumière la sophistication croissante des tactiques gangstéristes.
2. Un bilan lourd pour les forces de paix
Moins de 48 heures plus tôt, dans la même zone, la Brigade d’intervention opérationnelle départementale (BOID) avait déjà subi une patrouille meurtrière : deux agents tués, trois blessés, et le véhicule blindé calciné après avoir buté dans une tranchée creusée par les gangs.
Simultanément, à Liancourt, un agent de l’unité UTAG a été abattu, illustrant la dureté et la dispersion des attaques.
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3. Violence exhibée, équipement volé
Les gangs n’ont pas seulement infligé des blessures : ils ont posté en ligne les vidéos humiliantes des corps des officiers, en exhibant les armes, gilets pare-balles et uniformes volés lors des attaques.
4. Le drame s’inscrit dans une escalade brutale
Selon l’ONU, entre avril et juin 2025, 1520 personnes ont été tuées et 600 blessées à travers Haïti, à 24 % par des gangs.
Le Kenyatta-led MSSM peine à tenir ses objectifs : une force prévue à 2 500 agents, mais moins de la moitié sur le terrain.
5. Kenscoff : cible répétée des violences
Un rapport de BINUH d’avril 2025 retrace une série d’attaques intensives à Kenscoff depuis janvier, avec au moins 31 morts, femmes violées, maisons incendiées, exactions diverses. Les forces de sécurité, avec l’appui de la MSS, avaient repris le terrain, mais les gangs rendaient coup pour coup.
6. Analyse approfondie — entre chaos et défi stratégique
Enjeu | Implication |
---|---|
Gangs tactiquement organisés | Tranchées, embuscades, vidéos virales : violence 2.0 maîtrisée. |
PNH/MSSM en sous-effectif | Équipements détruits, effectifs blessés, morale à l’épreuve. |
Territoire contesté | 90 % de Port-au-Prince est gangstérisé ; la zone rurale subit désormais le même sort. |
Effet d’intimidation | Après les humiliations filmées, l’État perd un peu plus de crédibilité. |
Urgence d’action | Besoin d’une réponse robuste et coordonnée, pas uniquement symbolique. |
7. Citoyens acculés, médias hébétés
Sur les réseaux sociaux, la colère gronde :
“Que fait-on ? Les bandits tuent nos agents, volent leur équipement, brûlent nos blindés, et nous restons impuissants.”
Mackenley Étienne, sur la page Facebook de la PNH.
8. Réponse institutionnelle timide
Le nouveau Directeur Général de la PNH, André Jonas Vladimir Paraison, nommé le 8 août 2025, subit une entrée en fonction explosive. Il enchaîne les réunions : avec les autorités haïtiennes, le commandant de la MSS, et des diplomates américains et canadiens pour concevoir une stratégie de reconquête.
9. Recommandations urgentes
- Renforcement massif de la MSSM avec équipements et effectifs renforcés.
- Installation de drones et systèmes de surveillance dans les zones stratégiques.
- Coordination civil-militaire pour protéger les populations et organiser les expulsions gangstéristes.
- Justice expéditive pour juger, neutraliser ou démonter les réseaux criminels locaux.
- Réassurance symbolique : reconstruire un sens de sécurité à travers des actions visibles.
Conclusion : Kenscoff, miroir d’un État en crise
Kenscoff n’est plus une île paisible : elle symbolise la lutte entre un État affaibli et des gangs impitoyables. Deux blindés brûlés et des policiers mutilés ne sont pas que des pertes matérielles ; c’est l’État qui saigne.
Le temps des discours est fini. Ce que demandent les Haïtiens, c’est une sécurité tangible — et vite.