La crise sécuritaire en Haïti franchit un nouveau cap alarmant. Le samedi 3 août 2025, neuf personnes, dont la missionnaire irlandaise Gena Heraty et un enfant de trois ans, ont été enlevées dans un orphelinat situé à Kenscoff, une commune paisible nichée dans les hauteurs de Port-au-Prince. Cet enlèvement choque l’opinion publique nationale et internationale, et symbolise l’effondrement total de la sécurité même dans les lieux d’aide humanitaire.
Les faits : un orphelinat pris pour cible
Selon les premières informations rapportées par des médias locaux et internationaux, des hommes lourdement armés ont pris d’assaut les locaux de l’organisation “Nos Petits Frères et Sœurs”, un orphelinat connu pour accueillir des enfants handicapés ou abandonnés. L’attaque n’a donné lieu à aucun échange de tirs, les assaillants ayant parfaitement planifié leur coup.
Gena Heraty, en Haïti depuis plus de 30 ans, y consacre sa vie aux enfants handicapés. Elle est l’une des figures humanitaires les plus respectées du pays. Son enlèvement, ainsi que celui d’un enfant de trois ans, a profondément choqué la communauté humanitaire.
Dès l’annonce de l’enlèvement, le gouvernement irlandais, par la voix de son vice-premier ministre Simon Harris, a exprimé son indignation :
“Nous exigeons la libération immédiate de nos ressortissants et demandons aux autorités haïtiennes de garantir leur sécurité.”
Ce rapt n’est pas un événement isolé. Selon les Nations unies, plus de 3 100 personnes ont été tuées entre janvier et juin 2025 en Haïti, et plus de 1 500 ont été enlevées, dont une grande majorité à Port-au-Prince. Les gangs ont pris le contrôle de zones entières du pays, y imposant leur loi avec une violence sans précédent.
Les ONG, écoles, hôpitaux, orphelinats sont aujourd’hui devenus des cibles, non pas pour des raisons idéologiques, mais à cause de l’impunité qui règne. Dans certains quartiers, il n’y a plus ni police ni justice.
Pourquoi cet enlèvement est-il si symbolique ?
- Cible humanitaire : L’enlèvement d’une figure internationale de l’aide sociale frappe un pilier fondamental de la solidarité.
- Enfant victime : La prise d’otage d’un enfant de 3 ans rend ce crime encore plus inacceptable aux yeux du monde.
- Zone « sûre » attaquée : Kenscoff était jusqu’ici considéré comme un secteur relativement calme. Cela montre que plus aucun endroit n’est épargné.
La voix de la société civile haïtienne
Des collectifs citoyens et des organisations locales ont exprimé leur colère et leur tristesse. Un responsable communautaire de Pétion-Ville a déclaré :
“Si même les enfants handicapés et leurs soignants sont pris en otage, c’est que nous avons touché le fond. Haïti a besoin d’une opération internationale de sauvetage, pas seulement de déclarations.”
Et maintenant ?
- L’Irlande coordonne une riposte diplomatique et envisage de porter le cas devant les instances internationales.
- L’ONU, déjà en alerte sur la situation en Haïti, pourrait faire pression pour une accélération de la mission d’intervention multinationale en préparation.
- La société haïtienne attend une réaction ferme du gouvernement de transition, aujourd’hui largement silencieux.
L’enlèvement de Gena Heraty et d’un jeune enfant dans un orphelinat haïtien n’est pas seulement un drame humain. Il est le reflet d’une nation en perdition, où même les plus vulnérables ne sont plus protégés. Alors que le monde regarde ailleurs, Haïti continue de sombrer dans l’indifférence. Cet acte pourrait bien être le signal d’alarme que la communauté internationale ne peut plus ignorer.