Port-au-Prince, août 2025 — Après des semaines de tensions visibles, une coalition stratégique s’est formée en haut lieu : le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé et le Directeur général par intérim de la Police nationale d’Haïti (PNH), André Jonas Vladimir Paraison, ont scellé une alliance inattendue. Ce rapprochement marque un tournant politique majeur dans la lutte contre la crise sécuritaire qui paralyse le pays.
. De l’escalade à la convergence : un changement de cap notable
Les dernières semaines avaient été marquées par des dissensions ouvertes. Le Premier ministre avait publiquement remis en question les services de renseignement de la PNH — accusant la police d’avoir failli lors de violentes attaques de gangs à Kenscoff, et réclamant le limogeage du DG en place.
Et pourtant, un tournant spectaculaire s’est opéré. Lors d’une réunion conjointe du Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN), Fils-Aimé et Rameau Normil — alors DG sortant — ont été photographiés en parfait accord, inspectant ensemble des équipements high-tech récemment livrés à la PNH pour renforcer ses capacités opérationnelles.
Une alliance scellée dans l’urgence sécuritaire
Cette réconciliation intervient sur fond de dégredation de la sécurité nationale : Port-au-Prince et ses périphéries sont sous le contrôle majoritaire de gangs armés. Écoles fermées, déplacements interrompus, économie paralysée : l’urgence est palpable.
Face à cette crise, le rapprochement entre le gouvernement et les forces de l’ordre apparaît comme une nécessité :
- Le gouvernement affirme agir « avec détermination » pour reconquérir le territoire.
- Un communiqué de la Primature indique que le Premier ministre « trace un nouveau cap avec la PNH », preuve d’une volonté de renouer la cohésion institutionnelle.
Analyse : attente populaire et enjeux institutionnels
Enjeu central | Interprétation |
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Légitimité restaurée | Cette alliance contribue à effacer les divisions passées et à afficher une direction unie face aux gangs. |
Message aux gangs | Le front commun envoie un signal clair : l’État reprend le contrôle. |
Pression populaire | Face à l’insécurité quotidienne, la population exige des réponses concrètes — cette alliance répond à cette attente. |
Attentes élevées de cette trêve politique | Il revient maintenant au gouvernement de fournir des résultats tangibles, pas seulement symboliques. |
Témoignage institutionnel : vers une stratégie coordonnée
Le 11 août 2025, Fils-Aimé a présidé la première réunion du CSPN en présence du DG Paraison, en insistant sur la nécessité de « mobiliser tous les moyens de l’État pour restaurer l’ordre » : climat de sécurité, libre circulation et préparation des élections.
Ces déclarations confirment que la collaboration est stratégique, et pas purement symbolique : il s’agit bien d’un effort coordonné pour enrayer les violences massives et avancer vers une transition démocratique.
Portrait du Premier ministre et du DG : complémentarité improbable
Alix Didier Fils-Aimé, nommé Premier ministre en novembre 2024, est un économiste et homme d’affaires formé à Boston, à la tête d’un gouvernement de transition marqué par l’urgence sécuritaire et la pression populaire.
André Jonas Vladimir Paraison, nommé DG par intérim début août 2025, succède à Normil Rameau, sur fond de crise de sécurité profonde. Son rôle désormais est crucial pour redonner des capacités opérationnelles à la PNH.
La convergence entre ces deux hommes représente une fusion de leadership politique et opérationnel, indispensable pour reconstruire l’État de droit.
Risques, défis et vigilance citoyenne
Toutefois, cette alliance soulève des interrogations :
- Est-ce une stratégie durable ou un accord de circonstance face à la pression ?
- La population attend des actions concrètes, pas des photos : reconquête des quartiers gangstérisés, protection des civils, relance démocratique.
- La transparence de cette collaboration devra être scrutée : éviter que le rapprochement ne serve de paravent à des ententes opaques.
Conclusion : un espoir mais sans garanties
Cette alliance improbable entre Fils-Aimé et le DG de la PNH symbolise un moment fort dans le dossier sécuritaire : une évolution d’approche, vers une coordination assumée entre l’exécutif et les forces de l’ordre. Mais le peuple haïtien ne se nourrira pas de symboles : seuls les résultats — retour à la paix, élections, justice — importeront.