Port-au-Prince, 23 avril 2025 – Dans une vaste opération coordonnée de la Police Nationale d’Haïti (PNH) et des forces armées, les autorités ont annoncé que 35 membres du gang Viv Ansanm ont été tués et 40 autres blessés dans les quartiers de Pacot et Haut-Turgeau. C’est ce qu’a confirmé le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), lors d’un point presse organisé pour faire le bilan de cette intervention d’envergure
Introduction : un moment charnière dans un pays en proie à l’insécurité
Depuis plusieurs années, Haïti fait face à une crise sécuritaire sans précédent. Les gangs armés, aux ramifications politiques et économiques, s’emparent progressivement de vastes pans du territoire national, imposant leur loi sur les communautés. L’opération menée à Pacot est ainsi une réponse musclée à cette hégémonie des groupes criminels. Elle intervient à un moment critique où la PNH cherche à restaurer l’autorité de l’État et rassurer une population épuisée par la violence.
Déroulé de l’opération : techniques et enjeux
Le RNDDH a indiqué que l’intervention, réalisée le 23 avril, visait spécifiquement les membres actifs de la coalition Viv Ansanm. “Au moins 35 suspects ont été neutralisés, et 40 autres blessés”, a affirmé le directeur exécutif du RNDDH
D’après des témoins, l’opération a été rapide, ciblée et technique, avec l’utilisation de mécanismes de surveillance avancée. Bien que non mentionné dans les rapports officiels, plusieurs sources évoquent l’usage coordonné de drones, marque d’une montée en puissance tactique significative pour les forces haïtiennes.
Si la PNH confirme la mort de plusieurs suspects, elle précise aussi qu’“au moins six personnes ont été tuées, dont deux soldats”, puis ajoute que des arrestations ont été opérées sur le théâtre des affrontements. Ces disparités dans les chiffres montrent l’urgence d’une documentation plus rigoureuse.
Les enjeux humains et sécuritaires
Pertes dans les rangs des forces de l’ordre
Le conflit ne s’est pas déroulé sans conséquences du côté de l’État. Selon les données disponibles, des membres des unités d’intervention ont trouvé la mort ; certains rapports évoquent un ou deux soldats, ce qui soulève la question de la préparation tactique et logistique des interventions régulières.
L’ampleur de la violence des gangs
La gravité de l’opération à Pacot s’inscrit dans une spirale d’affrontements armés de plus en plus fréquents. Quelques jours auparavant, dans la commune de Kenscoff, une attaque sanglante des gangs avait forcé l’intervention de la PNH et de la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MSS).The Haitian Times Ces événements tragiques rappellent à quel point les institutions étatiques sont poussées dans leurs derniers retranchements.
Analyse : progrès tactiques, mais défis persistants
1. Montée en puissance tactique : L’usage avancé de drones et d’opérations ciblées marque une nette amélioration de la capacité de réponse des forces haïtiennes. Cela pourrait représenter un tournant dans leur stratégie.
2. Risque de normalisation de la violence : Quand des interventions sanglantes se succèdent, la limite entre maintien de l’ordre et escalade peut devenir floue. Il faut éviter que la population voie cela comme une routine macabre.
3. Besoin de coordination durable : Au-delà des opérations ponctuelles, un effort combiné entre PNH, FAd’H, MSS, ONG et société civile est indispensable pour consolider la sécurité et l’État de droit.
4. Transparence et justice : Les vidéos ou traces laissées au sol par les opérations peuvent servir d’éléments de preuve, mais exigent une gestion éthique et judiciaire stricte
Impact sur la population et la perception nationale
L’opération de Pacot a eu un effet immédiat sur les résidents de ces zones. Certains parlent d’un soulagement temporaire, tandis que d’autres expriment un traumatisme durable. Les civils constatent une présence policière renforcée, mais demandent une stabilité durable : plus de justice sociale, d’emploi et de services publics. Sans cela, l’autorité de l’État restera fragile.
Le Président du Conseil Transitoire, dans une déclaration, a qualifié la mission de “sacrée”, affirmant que l’opération démontre la volonté d’« restaurer la paix et la stabilité » à tout prix.
Conclusion : vers une véritable reconstruction sécuritaire ?
L’opération musclée de Pacot représente un symbole fort : l’État haïtien tente de reprendre le contrôle de son territoire et de sa souveraineté. Toutefois, pour qu’elle soit couronnée de succès, elle doit s’inscrire dans une stratégie plus vaste :
- Renforcement continu des capacités opérationnelles et tactiques de la PNH.
- Protection réelle et formation des agents sur le terrain.
- Coopération transparente avec les missions internationales (MSS, ONU).
- Engagement d’une politique publique inclusive, où la justice, la santé, l’éducation et le développement social tiennent une place centrale.
Chaque bandit neutralisé est une victoire, mais seule une stratégie intégrée peut véritablement apporter la paix durable que le peuple haïtien mérite.