Quito / Manta, 25 juin 2025 – Après 17 mois de cavale et une évasion musclée qui a plongé l’Équateur dans le chaos, José Adolfo Macías Villamar, alias Fito, redouté chef du gang criminel transnational Los Choneros, a été capturé dans un bunker souterrain situé sous une villa luxueuse de Manta. Cette opération marque une étape décisive dans le combat contre la criminalité organisée en Équateur.
Une traque et une arrestation sans bavure
Fito avait fui la prison de Guayaquil en janvier 2024, déclenchant une série de violences, émeutes en détention et attaques terroristes. Le président Daniel Noboa avait alors décrété l’état d’urgence, transformant l’Équateur en zone de conflit armé interne.
Mi-juin 2025, les forces de sécurité, armées de renseignements et d’une coordination militaire pointue, l’ont localisé dans un bunker sous une demeure cossue. L’opération, baptisée « Zeus II », a été menée en coopération entre police et armée. En dépit des fouilles répétées, c’est en creusant sous un plancher de buanderie qu’ils l’ont enfin trouvé — effrayé et sans échappatoire.
Le ministre de la Défense, Giancarlo Loffredo, n’a pas caché sa fierté : « Fito est tombé, et tous tomberont ».
Un empire criminel construit dans les prisons
Los Choneros, fondé dans les années 1990 dans la province de Manabí, est devenu l’un des gangs les plus puissants d’Équateur, avec des ramifications au niveau national. Il est structuré en factions comme “Los Fatales” (dirigée par Fito) et “Las Águilas”.
Même derrière les barreaux, Fito continuait d’exercer son influence sur le gang. Il détenait des privilèges exceptionnels dans la prison de La Roca : fêtes privées, vidéos de propagande, accès Internet et trafic de substances.
Le trafic de cocaïne et d’armes était coordonné avec des cartels mexicains (notamment Sinaloa), des mafias albanaises et italiennes. Son pouvoir s’étendait même au-delà des frontières carcérales.
Conséquences immédiates : instabilité nationale et pression internationale
L’évasion de Fito a déclenché une vague de violence sans précédent. En réponse, le président Noboa a largement militarisé les rues et les prisons, et qualifié l’ensemble du pays en état de guerre interne.
Ses actions ont contribué à faire de l’Équateur un hub clé du trafic de cocaïne. Selon les autorités, plus de 70 % du trafic mondial passait par ses côtes.
Vers une extradition historique aux États-Unis
Fito fait face depuis avril 2025 à un acte d’accusation américain — sept chefs incluant trafic de cocaïne, complot international, trafic d’armes.
L’extradition en juillet 2025 représente une première : l’Équateur ne l’avait jamais extradé auparavant — sauf vers d’autres pays — mais un référendum en avril 2024 a modifié la législation pour l’autoriser.
Aux États-Unis, à Brooklyn, Fito a plaidé non coupable, tandis que les procureurs ont demandé sa détention sans libération conditionnelle, le jugeant dangereux et à haut risque de fuite.
Analyse stratégique : symboles et limites
| Thème | Interprétation |
|---|---|
| Choc symbolique | L’arrestation de Fito représente une victoire médiatique et politique majeure pour le gouvernement Noboa. |
| Prison comme centre du crime | Son cas illustre comment les gangs utilisent les établissements pénitentiaires pour gérer leurs activités. |
| Effet dissuasif incertain | Sa capture envoie un message, mais la persistance du gang dépendra de la structure organisationnelle existante. |
| Rôle de la communauté internationale | L’extradition montre une coordination efficace entre Équateur et États-Unis dans la lutte contre le crime transnational. |
Témoignage poignant
“Au fond, Fito n’est pas seul à diriger. L’Équateur doit reconstruire ses institutions pour briser le système qui l’a engendré.”
analyse d’un expert en sécurité citée dans InSight CrimeUn tournant dans la guerre contre les gangs
L’arrestation de Fito n’est pas la fin de l’histoire, mais une opportunité. Elle ouvre la voie à :
- Une réforme profonde du système pénitentiaire,
- Un renforcement institutionnel pour combattre la criminalité organisée,
- Une restauration de la confiance publique.
Ce coup d’arrêt symbolise la possibilité d’une Équateur où l’État reprend le dessus sur l’anarchie.
