Haïti au point mort : quand le Conseil des ministres est paralysé pour stopper des nominations scandaleuses

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Port-au-Prince, juin 2025 – La gouvernance en Haïti connaît une crise majeure : le Conseil des ministres ne parvient plus à se réunir valide- ment, bloqué par une partie du Conseil présidentiel de transition (CPT) qui refuse ainsi de cautionner des nominations jugées scandaleuses. Ce blocage institutionnel s’inscrit dans un contexte déjà fragile, aggravant encore davantage l’instabilité politique et sociale que connaît le pays.

Blocage formel au sommet de l’État

Le 23 juin 2025, trois membres influents du CPT — Smith Augustin, Louis Gérald Gilles et Emmanuel Vertilaire — ont adressé une lettre ferme au gouvernement, rappelant que selon le décret du 27 mai 2024, un quorum d’au moins cinq des sept membres votants était obligatoire pour que les décisions du Conseil des ministres soient légales. Leur refus de siéger a entraîné l’annulation systématique de toutes les réunions officielles depuis plusieurs semaines.

Réaction des autorités : appel à la responsabilité

En réponse, Fritz Alphonse Jean, président du CPT, accompagné des conseillers Leslie Voltaire, Edgard Leblanc Fils et Frinel Joseph, a lancé un appel pressant le 24 juin. Ils demandent aux trois absents de revenir à la table du Conseil pour débloquer la situation. Selon eux, la loi prévoit des mécanismes pour contourner le blocage, notamment en cas d’urgence nationale, et ce silence politique ne peut plus durer.

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Ombre de la corruption : un blocage politique à visée cautionnée ?

Les trois conseillers bloquants sont eux-mêmes mis en cause dans un scandale de corruption concernant 100 millions de gourdes, liée à la Banque Nationale de Crédit (BNC). L’opinion critique perçoit ce refus comme un moyen d’empêcher la tenue de réunions ministérielles qui pourraient déclencher des enquêtes ou des sanctions à leur encontre.

Un État paralysé au moment où il est le plus nécessaire

Cet immobilisme survient à un moment où Haïti connaît l’une de ses pires crises sécuritaires. Selon les estimations du BINUH, plus de 2 680 personnes ont été tuées entre janvier et mai 2025, et les violences des gangs ont provoqué le déplacement de plus d’1,3 million de personnes.rhinews.com L’absence de Conseil des ministres valide rend la mise en œuvre de mesures urgentes presque impossible, plongeant le pays dans un vide institutionnel dramatique.

Analyse : comment sortir de l’ornière ?

Failles identifiéesConséquences
Blocage politiqueAucun décret ne peut être adopté, même sur des sujets essentiels.
Corruption au sommetRenforce la défiance envers l’État et fragilise les institutions.
Retard dans les réformesLe Code pénal, la sécurité, la justice restent en suspens.
Système de transition affaibliLa légitimité du CPT est de plus en plus contestée.

Impact sur la population : entre désillusion et désespoir

Les citoyens voient l’État s’effondrer sous leurs yeux. Alexis, un habitant de Carrefour déplacé par les violences, confie :

On est livrés à nous-mêmes. Il faut des réunions pour que les ministères reprennent, qu’on ait de la sécurité et des vivres. Mais tout est bloqué.

Alexis, un habitant de Carrefour

Témoignage révélateur de l’indifférence des élites politiques face à la détresse populaire.

Une transition en roue libre

Ce blocage est symptomatique de l’impasse de la transition politique. Le CPT, censé guider Haïti jusqu’à des élections libres, n’a plus les moyens de légiférer ou répondre aux urgences nationales. L’institution est désormais controversée, affaiblie et iterable.

un réveil indispensable pour éviter l’effondrement

Le blocage du Conseil des ministres pour stopper des nominations douteuses est un sinistre indicateur : l’État haïtien est à deux doigts du gouffre. Pour éviter le chaos total, il est urgent que :

  1. Les conseillers deviennent responsables, au-delà de leurs intérêts personnels.
  2. Des mécanismes légaux soient activés pour contourner l’obstruction politique en cas de crise nationale.
  3. La communauté internationale — notamment la CARICOM, l’ONU et les États partenaires — impose une médiation forte pour restaurer le fonctionnement de l’État.

Sans un sursaut collectif et responsable, Haïti risque d’être définitivement entraîné dans l’abîme de l’anarchie.

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