Port-au-Prince, juin 2025 – Dès son arrivée décontractée mais remarquée à l’aéroport de Port-au-Prince, Henry T. Wooster, le nouveau chargé d’affaires des États-Unis en Haïti, a déjà imposé sa présence. Ce diplomate chevronné, annoncé par le secrétaire d’État Marco Rubio, prend les rênes d’une mission cruciale : stabiliser un pays en plein chaos sécuritaire et institutionnel. Mais est-ce vraiment l’aube d’un renouveau, ou une carte diplomatique risquée ?
Un profil taillé pour les crises
Nommé officiellement le 30 mai 2025, Wooster a pris ses fonctions le 12 juin à l’ambassade américaine. Titulaire du rang de Minister-Counselor, il est un diplomate de carrière aux multiples attributions stratégiques
Son parcours prestigieux inclut une mission antérieure à Port-au-Prince comme consul, un poste d’ambassadeur en Jordanie (2020–2023), ainsi que des fonctions sensibles dans des régions complexes — Maghreb, Proche-Orient, Europe et Asie centrale. Il connaît le terrain haïtien et ses rouages, ce qui constitue un atout fondamental.
Une priorité : rétablir la sécurité
Dans un message public, Wooster a placé la sécurité nationale au cœur de ses priorités. Il a rappelé que Haïti est aujourd’hui largement tributaire des gangs armés, qui contrôlent jusqu’à 85 % de la capitale et violentent quotidiennement la population. Il s’est engagé à collaborer étroitement avec les Haïtiens pour primordier cette crise avec détermination et pragmatisme.
Un message politique lourd de sens
Dans sa première déclaration, Wooster s’est démarqué par une omission notable : il n’a mentionné ni le Conseil présidentiel de transition (CPT), ni ses représentants. Ce silence diplomatique pourrait bien signifier le retrait implicite des États-Unis de ce corps jugé dysfonctionnel et illégitime.
Analyse : enjeux et défis d’un nouveau leadership
| Focus principal | Enjeu attendu |
|---|---|
| Stabilité retrouvée | Une aide cruciale à un État en faillite politique et sécuritaire. |
| Crédibilité réaffirmée | L’image du diplomate volontaire rassure, mais suscite aussi des attentes élevées. |
| Risques diplomatiques | Éviter d’imposer une solution unilatérale qui ferait fi des réalités haïtiennes. |
| Soutien concerté | L’accent mis sur la sécurité implique une coopération avec la Mission multinationale (MSS) et la PNH |
Pourquoi son arrivée est un tournant stratégique
Henry Wooster fait figure d’homme de poigne au moment où Haïti est au bord du précipice. Sa compréhension des crises complexes, sa capacité à mobiliser des partenaires internationaux, et son engagement affirmé envers la sécurité en font un choix symbolique autant que fonctionnel. Toutefois, il devra éviter toute posture impérialiste et activer une diplomatie inclusive — respectueuse des acteurs haïtiens — pour gagner en efficacité et légitimité.
Un pari diplomatique à surveiller
L’installation de Henry Wooster à Port-au-Prince marque un virage significatif dans la relation USA–Haïti. S’il symbolise une volonté de reprendre en main la crise, son succès dépendra de sa capacité à rétablir la sécurité de manière durable, à reconstruire la confiance des citoyens, et à engager l’ensemble des partenaires haïtiens. En art diplomatique, sa mission est essentielle — autant qu’elle est périlleuse.
